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NUITS BLANCHES
A SEATTLE
Le coup de foudre au premier regard de deux personnes qui se rencontrent
est une chose couramment admise. Mais, dans notre siècle d'information
et de technologie, on peut aussi tomber amoureux au premier contact
"vocal", plus que physique et visuel. Quand des gens se rencontrent
par ordinateur interposé, minitel ou petites annonces, quand leur
"premier regard" l'un pour l'autre se fait à travers un moyen
de communication, telle la radio, il est certainement possible
qu'un "coup de foudre" survienne. Au delà des milliers de kilomètres
qui séparent, on peut trouver l'âme sur.
C'est cet espoir que Nora Ephron expose et développe dans "Sleepless
in Seattle", un film très romantique sur deux êtres qui tombent
amoureux en étant sur les bords opposés d'un continent, grâce
à une émission radiophonique. A Baltimore, Meg Ryan s'est déjà
fiancée à un homme dont le seul défaut apparent est son |
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allergie à tout ce qui se mange ou se respire. Une nuit, au volant
de sa voiture, elle tombe sur un programme radio surprenant :
un petit garçon appelle l'animatrice à l'aide. Il intervient pour
son père, qu'il trouve trop malheureux.
Meg Ryan écoute le récit de l'enfant. Le père (Tom Hanks) finit
par prendre le téléphone et se laisse convaincre par l'animateur
psychologue d'exposer son problème. Il explique sa profonde dépression
après la mort de sa femme, qui l'a conduit à déménager de Chicago
à Seattle, avec son fils, pour changer d'horizon. Il pensait que
ce dépaysement l'aiderait à surmonter sa peine, mais, en fin de
compte, il reste seul et désespéré.
Quelque chose dans la voix attire l'attention de la jeune femme
et la plonge dans un océan de tendresse envers cet homme qu'elle
ne connaît pas. Elle n'arrive pas à le chasser de ses rêves et
de son esprit. Pendant ce temps là, à Seattle, on apprend à connaître
Tom Hanks et son fils. Le père est extrêmement gentil et affectueux,
mais terriblement triste. Son petit garçon (Ross Malinger) |
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espère que son père rencontrera une femme idéale pour eux deux.
De fait, son père a fait la connaissance d'une femme (Barbara
Garrick), mais en dehors du fait que son rire s'apparente à celui
d'une hyène en chaleur, le fils ne la considère pas comme une
prétendante sérieuse.
Le film est plongé dans l'ambiance de "An Affair To Remember",
auxquels les personnages se réfèrent comme la romance idéale.
Pas d'ironie, de sous-entendus, de conflits, il s'agit de l'histoire
de deux personnes faites l'une pour l'autre, et c'est tout. Et
selon moi, c'est parfait tel quel.
Le précédent scénario de Nora Ephron pour "When Harry Met Sally"
passait de longs moments à montrer Harry et Sally séparément.
Dans ce film aussi, elle met en scène ses amants seuls, chacun
de leur côté, excepté une scène où Meg Ryan se trouve au milieu
d'une route dévisagée par Tom Hanks, pendant qu'une petite lumière
s'allume dans son subconscient.
Le fil de l'intrigue, en fait, rappelle certains de ces films
romantiques et mélodramatiques des |
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années quarante et cinquante où les événements rapprochent les
amants, mais pas trop, et où le scénariste joue avec le spectateur
en combinant les choses afin que le couple soit toujours séparé.
A la fin de "Sleepless in Seattle", on prie pour que nos deux
héros se rencontrent au sommet de l'Empire State Building (comme
dans "An Affair To Remember"), et le film semble tout faire pour
empêcher cet "happy end".
Les acteurs sont parfaits pour les rôles. Tom Hanks fait ressortir
le léger détachement de la réalité de son personnage, qui le distingue
d'une simple personne dépressive. Meg Ryan, une des plus charmantes
et adorables actrices, est très convaincante pour nous montrer
son amour soudain et profond envers une simple voix à la radio.
"Sleepless in Seattle" est éphémère comme toute histoire d'amour,
mais nous réchauffe le cur et nous laisse sur les lèvres le sourire
des belles histoires.
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